PATRIMOINE. Les pouvoirs publics souhaitent profiter du chantier de reconstruction de Notre-Dame pour lancer un grand mouvement de formations d'apprentis à la rénovation de patrimoine. Les acteurs du secteur sont partie prenante de cette opération baptisée "Chantiers de France" par le président de la République. Détails.
Faire du chantier de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame le "navire amiral" de la formation dans les métiers du patrimoine et du bâtiment. C'est la raison d'être de l'opération "Chantiers de France", lancée le 17 avril au soir par Emmanuel Macron, et qui se concrétise par une première réunion au ministère du Travail, le 18, avec les organisations professionnelles du secteur (FFB, Capeb, chambres de métiers et de l'artisanat…). Une dynamique que les pouvoirs publics espèrent lancer pour rénover, au-delà de l'édifice parisien, l'ensemble des bâtiments patrimoniaux français.
Impliquer des milliers de jeunes
"Nous souhaitons impliquer des milliers de jeunes dans toute la France, couvreurs, charpentiers, maçons, tailleurs de pierre, vitraillistes, facteurs d'orgue, peintres décorateurs… Ces métiers qui sont enseignés dans les CFA, les lycées professionnels, les écoles des métiers d'art", a expliqué Muriel Pénicaud, en amont de la réunion de lancement. "Nous disposons déjà de professionnels de qualités dans notre pays, mais il nous manque par exemple des couvreurs et des charpentiers pour assurer l'ensemble des chantiers que nous avons à mener sur tout le territoire", a-t-elle ajouté.
"Changer d'échelle" sur l'apprentissage
Pour "changer d'échelle" sur l'apprentissage, cette réunion avec les organisations professionnelles avait notamment pour objet de lister l'ensemble des moyens de formations existant pour ces métiers en France, dans le but d'engendrer une mobilisation d'ampleur nationale. "Nous voulons fédérer toutes les énergies autour de ce chantier qui va susciter beaucoup d'euphorie, d'adhésion", a précisé pour sa part Franck Riester, ministre de la Culture, également présent.
Faire de la reconstruction de Notre-Dame un chantier-école
En sortie de réunion, les professionnels se sont montrés satisfaits. "Nous allons profiter de ce malheur pour amener des jeunes vers nos métiers", a réagi à chaud Patrick Liébus, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). "Nous devons faire de ce chantier un chantier-école, montrer aux jeunes nos métiers." L'artisan-couvreur pointe toutefois deux risques. Tout d'abord, ne pas se précipiter - référence aux "cinq ans" de travaux visés par Emmanuel Macron. "Faire les choses trop rapidement nous ferait prendre le risque de perdre l'âme de Notre-Dame." Autre point d'alerte : "Les appels d'offre seront européens, il fallait faire attention à choisir des entreprises et des salariés hautement qualifiés ; et il faudra aussi se soucier de faire travailler des entreprises françaises sur ce chantier : c'est notre patrimoine, arrêtons d'aller chercher ailleurs des compétences que nous avons en France ! Et surtout de faisons pas appel à du travail détaché." |